Les osties de verbes pronominaux

Vous ne comprenez pas comment conjuguer les verbes pronominaux ? Ne vous en faites pas, personne ne sait vraiment. Bienvenue dans le…

Mais attends zan zan zan, c’est quoi un verbe pronominal ?

Selon l’Office de la langue française du Québec, un verbe pronominal est un verbe se conjuguant avec un pronom conjoint de la même personne que le sujet. Je sais, ça ne veut pas dire grand-chose. Allons-y alors avec un exemple :

Et du coin de l’œil, je peux voir Kyurensi qui se masturbe allègrement.

Une usine comme les autres, en vente sur Amazon.

Le pronom «qui», dont Kyurensi est l’antécédent, est le sujet du verbe «se masturbe», mais il est aussi le complément direct. Kyurensi masturbe qui  ? Lui-même, désigné par le pronom personnel «se».

C’est donc ça un verbe pronominal. Pourquoi ça existe ? Silence néophyte !

Heureusement, en lui-même, le verbe n’est pas difficile à conjuguer. Comme dans l’exemple ci-haut, que Kyurensi se masturbe lui-même ou quelqu’un d’autre, qu’il soit seul ou avec d’autres démons, le verbe «se masturbe» n’est qu’un banal verbe en er à l’indicatif présent à la troisième personne du singulier.

C’est l’accord des participes passés des verbes pronominaux qui est plus rock’n’roll. Oui, encore eux.

Comment conjuguer les crisses de participes passés des verbes pronominaux ?

Avant de même songer à conjuguer un participe passé de verbe pronominal, il faut passer une liste de vérification aussi complexe que celle pour faire décoller un Airbus.

  • Étape 1 : Oubliez le fait que vous pourrez vous souvenir de tout ça par cœur. Faites votre deuil le plus rapidement possible et assumez qu’à chaque fois que vous voudrez accorder comme il faut un participe passé de verbe pronominal, vous allez devoir vous référer à un guide. Chaque crisse de fois.
  • Étape 3 : Comme toute chose en français, pas de cohérence. Oubliez l’étape 2 et passez à l’étape 7.
  • Étape 7 : Est-ce que le verbe est occasionnellement pronominal ou essentiellement pronominal ?

Verbe essentiellement pronominal

«C’est une blague ? Faut analyser jusque là ?», penserez-vous avec raison. Et si seulement ce n’était que ça, ceci n’est qu’une étape perdue dans cette bureaucratie linguistique. La pointe de l’iceberg de l’incohérence du français. En réalité ce n’est qu’une pépite de la richesse de notre langue. Le français n’est pas une langue pour les faibles. Le français, c’est comme la vie : impossible de ne pas faire d’erreurs.

Donc, un verbe essentiellement pronominal est un verbe qui s’utilise seulement de façon pronominale. Comme dans l’exemple qui suit :

Pourquoi sauver une masse d’inconnus qui s’entre-tuent depuis la nuit des temps ?

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Détail ici : dans l’ancienne grammaire, on écrivait «s’entre-tuer». Avec la nouvelle, c’est «s’entretuer». Je vais continuer avec celui-ci parce que c’est moins long à taper.

«S’entretuer» est essentiellement pronominal car il est impossible d’entretuer fuck all. Des gens s’entretuent. Des gens font s’entretuer d’autres gens, mais personne ou rien entretue quoiconque. Je sais, «quoiconque» n’existe pas, mais ce n’est pas l’Office de la langue française ici. C’est le Kodex de la langue française, bitches !

Il existe d’autres, bien d’autres, verbes essentiellement pronominaux tels, entre autres, s’enfuir, s’accroupir et s’esclaffer, comme dans les exemples suivants :

Je continue donc mon cirque et finalement, l’animal s’enfuit en courant.

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— Tu penses, donc tu es… nul à chier à la pétanque ! s’esclaffa Descartes.

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Je m’accroupis au-dessus du visage de Hippocrate et j’essaye de déféquer.

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Détail ici : Je sais ce que vous vous dites. Pourquoi n’ai-je pas fait l’élision du «de» devant le h muet d’Hippocrate ? C’est que dans cette scène en particulier, je voulais mettre une distance entre le rectum du protagoniste et le visage dudit Hippocrate, histoire d’avoir un peu de respect pour les personnages. Dans le reste du livre, c’est «d’Hippocrate». Soyez rassurés.

On ne peut pas enfuir quoiconque, on ne peut pas enfuir de quoiconque non plus. On s’enfuit de quoiconque. Même chose pour s’accroupir. On accroupit pas quoiconque, on fait s’accroupir quoiconque, même si ça sonne comme un coup de batte de baseball derrière les genoux… Ou le verbe s’esclaffer. On esclaffe pas. On esclaffe pas quoiconque non plus. On s’esclaffe, mais on ne s’essaie pas à déféquer sur le visage des gens, ce n’est pas beau.

Voyons maintenant un exemple avec participe passé.

Vous êtes tous au courant qu’Alain s’est suicidé en sautant dans une moulange.

Encore Une usine comme les autres, en vente sur Amazon.

La règle : le participe passé utilisé avec un verbe essentiellement pronominal s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.

Ici, feu Alain, masculin singulier (mais il est tellement broyé qu’il pourrait prendre la forme du pluriel si on le considère comme plusieurs morceaux) , est le sujet du verbe « s’est suicidé ».

Verbe occasionnellement pronominal

Le verbe occasionnellement pronominal est habituellement pas pronominal. Comme dans l’exemple suivant :

Je me suis retourné, face à Noune.

Une usine comme les autres.

Le sujet pourrait retourner quoiconque hormis lui-même. Pourquoi il ferait ça, on s’en fout, mais le verbe «retourné» est donc occasionnellement pronominal.

La règle : le participe passé d’un verbe occasionnellement pronominal s’accorde avec le complément d’objet direct s’il est avant le verbe. Comme l’exemple ci-haut, dans le contexte du less-seller Une usine comme les autres, l’antécédent du sujet «Je» est Paul Lennon, le protagoniste dudit chef-d’oeuvre, masculin singulier. Donc «retourné» ne prend pas la marque du pluriel ou du féminin. D’ailleurs, «Noune» est lui aussi masculin singulier dans le contexte de ce recueil de mauvais goût, à l’image du requin qu’il dénonce.

Alors c’est pas si pire les verbes pronominaux. C’est comme les verbes normaux…

Silence, néophyte ! Les verbes pronominaux n’ont pas dit leur dernier mot. Émerveillez-vous face à :

L’accord des verbes pronominaux quand ils sont suivis d’un infinitif (dit avec une grosse voix grave)

La crisse de règle : le participe passé d’un verbe pronominal, s’il est suivi d’un infinitif, s’accorde avec le sujet, mais seulement si le sujet est celui qui fait l’action. Sinon il ne le mérite pas, j’imagine…

Comme dans l’exemple :

Elles se sont senties plier sous le poids du squale chimérique.

inspiré de la BDL.

Ce sont elles qui plient, pas la finance, ne rêvez pas. Alors elles doivent s’accorder à la finance (comme tout le monde) comme le participe passé s’accorde avec le sujet féminin pluriel. Ainsi, comme dans cet autre exemple :

Ces crapules charognardes se sont vues accéder aux plus hautes sphères de la société, au-dessus des bancs de misérables, là où festoient les rémoras de Kyurensi.

inspiré de la BDL.

Ce sont les crapules charognardes qui accèdent aux plus hautes sphères de la société, pas les bancs de misérables. Donc on accorde avec les crapules, féminin pluriel.

Cependant, si le sujet ne fait pas l’action de l’infinitif, le participe passé demeure invariable. Ben oui, je vous jure. Fou de même ! Tu vas l’analyser en tabarnack ta phrase, oublie ça écrire comme s’il n’y avait pas de lendemain. Comme dans l’exemple suivant :

Elles se sont vu refuser leur augmentation de salaire parce que l’inflation coûte plus cher aux actionnaires et ce n’est pas à eux de payer pour ça.

inspiré de la BDL.

Ce ne sont pas elles qui refusent. Et je suis certain qu’elles méritent leur augmentation en plus. Mais non, «vu» ne s’accorde pas avec le sujet parce qu’«elles» ne refusent pas leur propre augmentation. Voyez-vous comment c’est ? Elles auraient dû refuser leur augmentation pour s’accorder avec les actionnaires ! Beau petit système de sans-desseins.

Le verbe s’imaginer

Avec le verbe s’imaginer, le participe passé est toujours invariable, parce que l’imagination c’est tout sauf invariable ? Moi non plus je ne comprends pas, mais comme l’a déjà dit un sage :

Celui qui s’est imaginé comprendre les verbes pronominaux, mais qui n’a pas réalisé cette quête, est condamné à perdre l’esprit dans les méandres des grammaires et des drogues plus ou moins douces, langue tellement difficile qu’aucune somme d’étude ne peut permettre de la saisir totalement.

Maître Roger, ancien réviseur qui voulait saisir totalement la langue française

Comme le dit la BDL : «En réalité, l’action exprimée par l’infinitif n’est pas réalisée par le sujet.» Donc pas d’accord, que tu sois d’accord ou pas. Fait que toi, petit sujet, si tu n’as pas réalisé ce que tu as imaginé, n’ose même pas penser pouvoir accorder ton participe passé, incapable !

Tout ce que j’espère, c’est qu’un jour nous pourrons écrire : «Nous nous sommes imaginés changer le monde.»

C’est tout ?

Je ne suis pas certain, je ne le serai jamais, dis-je en me tapant sur la tête avec les poignets.

Pour les notions à propos des pronoms réfléchis, réciproques et sans fonction logique, veuillez vous référer à la section Trop de classes de mots dans trop de grammaires.