Pourquoi ai-je de la difficulté à annoncer que j’ai un éditeur ?
Oui, le titre dit tout. J’ai un éditeur. Les gens de la maison Édiligne ont décidé de faire confiance à ma folie en publiant les contes So-Lam ! Évidemment, quand les livres seront disponibles, vous serez tous avisés.
C’est tellement poche dit comme ça…
Le plus fou là dedans, c’est que j’aurais pu faire l’annonce au mois de novembre dernier, quand j’ai signé le contrat. J’ai décidé d’attendre. Je ne sais même pas pourquoi. J’ai évidemment annoncé la bonne nouvelle à mes proches, mais rien sur les réseaux sociaux. Certes, je n’avais pas bloggé depuis belle lurette, mais c’était pourtant le bon moment. Sauf que ça ne me tentais pas. Cette partie de l’année est pour se reposer. Et vu que nous approchons maintenant du printemps, c’est l’heure pour se déchaîner. Redevenir actif. Sortir de sa torpeur hivernale. Et le premier livre sera prêt sous peu alors, il est temps. Comme les bourgeons qui vont bientôt apparaitre sur les rameaux qui reprennent vie après une saison de sommeil, le premier Conte So-Lam apparaitra un peu partout après toutes mes aventures infructueuse en tant qu’auteur auto-édité. Et maintenant, je suis édité. Une équipe me fait confiance. Je suis en feu !
J’avais même écrit un article où je romançais avec grandiloquence mon épopée dans le monde de la littérature. Sauf qu’après relecture et correction, je n’étais plus convaincu par mon propre texte. Ce n’était pas le bon format pour une telle nouvelle d’envergure. Il y avait quelques bouts assez drôles, comme celui ci, à propos de mes multiples refus des maisons d’éditions qui me retournaient mes oeuvres :
« Et tous revenaient de façon plus ou moins encourageante. Certain ne faisaient que retourner les documents avec une lettre générique qui expliquait que les oeuvres ne cadraient pas avec la ligne éditoriale de la maison. D’autres lui proposaient de s’inscrire de façon préventive dans les programmes de mort assistée. Certains inséraient des excréments dans l’enveloppe avec une note laconique : « On vous renvoie votre merde. ». Puis finalement un autre renvoya une corde avec un noeud coulant pour « l’effort ». Heureusement pour Jonathan, l’avis des autres ne l’affectait pas. Enfin, c’est ce qu’il se disait pendant ses crises de larmes en position foétale dans le coin du cabanon avec le sécateur rouillé plaqué contre les veines de son poignet. »
Hahahaha, c’est très drôle. Sauf que c’est ça, je n’ai peut-être pas envie d’être drôle. Sur le coup, je croyais que c’était une bonne idée de romancer tout ça. Sauf que le problème de fond, c’est que j’hésite à annoncer cette bonne nouvelle.
Pourquoi avoir de la difficulté à annoncer une si bonne nouvelle ?
Je me pose sérieusement la question. Pourquoi hésiter ? Pourquoi ne pas dire les choses simplement ? Comme si l’annonce devait obligatoirement être aussi exhaltente que le maelstrom d’émotions positives que je ressens. Comme si juste dire « J’ai un éditeur » n’était pas assez. Pourquoi ce besoin de quantifier ? Et tant qu’à y être, pourquoi annoncer ça ? Peut-être que c’est parce que je trouve que je ne suis pas assez « important » pour achaler le monde avec ça, comme expliqué dans cet article ? Un auteur reconnu qui sort un livre, c’est un événement. Un auteur inconnu qui sort un livre, c’est banal, sauf pour lui.
J’ai un éditeur… et ensuite ?
C’est peut-être le problème. Avoir un éditeur n’est pas un but. C’est une étape. Je n’écris pas pour être édité. J’écris pour être lu. Je crois que d’annoncer que je suis édité est comme si un camionneur appelait son sa famille à mi-chemin de son trajet pour leur annoncer la bonne nouvelle. Là, j’avoue que je réduis ce que je tente d’annoncer. Il y a une sacré différence entre un chemin en camion et une démarche d’auteur qui s’étend sur vingt ans. Oui, je dois le crier sur les toits !
J’ai un éditeur ! ! ! ! !
Et voilà, c’est fait. C’est annoncé. Je suis super reconnaissant envers la maison d’édition Édiligne qui sautent avec moi dans l’aventure ! Un gros merci à toute l’équipe et je vous tiendrai tous au courant de ce qui s’en vient ! Et tant qu’à y être, je vais ajouter un dernier bout de l’autre texte, histoire de ne pas tout foutre à la poubelle :
« Comme chaque année, il allait visiter le salon avec ses deux enfants. Contrairement à lui et sa femme qui étaient calmes, posés et polis, ses enfants étaient turbulents, perturbants et arrogants. L’auteur motivé a donc dû faire une réunion spéciale avant de se pointer au kiosque d’Édiligne (je ne me souviens plus du numéro de kiosque pour être bien franc).
— Les enfants… Je vous en conjure… Soyez calmes et patients quand je vais parler avec mon éventuelle éditrice. Compris ?
— Tu sais très bien que l’on ne t’obéira pas, dit Vincent, l’aîné.
— C’est important pour moi, vous comprenez ?
— On comprend. Mais ça s’arrête là, répondit Alice, la cadette.
— Ok… Oubliez ça. Je veux que vous soyez des monstres ! Je veux que vous cassiez tout !
— Papa, la psychologie inverse, ça ne marche pas sur nous, dit Vincent.
— Si tu veux notre coopération, il va falloir payer, ajouta Alice. Combien tu nous payes pour rester gentil ?
— Bien, je vous offre gratuitement un toit, de la nourriture trois fois par jour, vous avez chacun un ordinateur…
— C’est de base, ça, dit l’aîné. Il y a des lois, je les ai lues.
— On veut un bonus.
— Ok… On va aller manger une crème glacée après le salon. »