Ma visite au centre de tri

Enfin, ça y est, j’ai finalement visité une usine de tri de collecte sélective pour de vrai ! (pour comprendre la situation, référez vous à mon article sur Enviro Progressive) Pour le MRC Roussillon, c’est le Groupe TIRU.

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Je dois vous l’avouer, j’ai été bouleversé…

Nous n’avons pas le réflexe de penser de façon globale quand nous jetons ou recyclons quoi que ce soit. C’est la source de tous mes bouleversements. Ceci n’est pas une condamnation envers qui que ce soit, mais une simple observation des faits.

Premier bouleversement : L’environnement de travail des employés

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La première chose qui m’aie sauté au visage (en fait au nez) à ma visite, c’est l’odeur. C’est quasi pestilentiel. Durant une canicule, ça doit être atroce. Évidemment, c’est parce que les contenants et emballages mis au recyclage ne sont pas tous rincés. Alors, la question à 100$ :

Doit-on rincer nos plats de plastiques avant de les mettre au recyclage ?

Non, vous n’êtes pas obligés. Sauf que, si ce n’est pas vous qui le rincez, ce sera quelqu’un d’autre. Donc l’argument d’économie d’eau, on met ça de côté. Néanmoins, de grâce, pensez à ces pauvres employés qui doivent travailler dans le lait caillé, la confiture moisie ou tout autres restants pourris. Pour nous, consommateurs, ce n’est rien rincer un carton de lait. Pour eux, c’est rendu du lait caillé. C’est une question de respect et de gratitude. Pensez global ! Même de jeter quelque chose de sale n’est pas une économie d’eau. Pour recréer le même produit neuf, ça demanderait immanquablement plus d’eau que de rincer celui qu’on recycle. Aussi, n’oubliez pas que la notion de gaspillage d’eau est plus ou moins une chimère. Nous buvons la même eau que les dinosaures. Rien ne se perd, rien ne se crée. Oui, nous devons traiter cette eau mais dans aucun cas, que je sache, jeter des matières est mieux que de simplement les nettoyer.

La deuxième chose qui m’aie sauté au visage c’est la poussière. Évidemment, tous ces déchets génèrent beaucoup de poussière ! Donc, tous les sens des employés sont assiégés. Par chance, ils ont accès à des gants et des masques pour leur protection. Il reste que ces gens mériteraient des médailles, ou du moins un minimum de reconnaissance, pour le sacrifice de traiter nos déchets. C’est donc la moindre de choses de ne pas jeter n’importe quoi dans notre bac bleu !

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Parlant de n’importe quoi, les gens du centre de tri trouvent trop souvent des carcasses d’animaux morts. Ils ont même déjà dû gérer une situation ou une tête décapitée d’orignal bloquait l’une de leurs machines ! Les résidus organiques ne se recyclent pas, qu’on se le dise. Me semble voir des emballages conçus à partir de carcasses d’écureuils 100 % recyclées…

Sur une note plus humoristique, une des employées à déjà trouvé un billet de 100$ ! Elle ne pouvait y croire alors elle l’a amené à la banque… et elle lui a confirmé son authenticité. Ça agrémente bien une journée ! Il y a même une légende qui raconte que quelqu’un a déjà trouvé un 1000$…

Aussi, les vêtements ne se recyclent pas. Mieux vaut les donner à des organismes qui les redistribueront. Car réutiliser est beaucoup mieux que recycler. Je crois que je devrais ici faire une parenthèse à propos des 4 « R ». Refuser – Réduire – Réutiliser – Recycler.

Début de la parenthèse (

Refuser : Simplement refuser d’acheter les produits qui ne répondent pas à nos critères écologiques.

Réduire : Ne pas acheter trop, juste ce que nous avons de besoin.

Réutiliser : Utiliser au maximum un objet avant de s’en débarrasser ou le donner s’il ne répond plus à nos besoins.

Recycler : Mettre au recyclage un produit que nous avions besoin et que nous avons utilisé au maximum de son utilité, lui offrant une longue vie.

Fin de la parenthèse )

Deuxième bouleversement : la quantité de détritus.

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Nous consommons, mes amis ! Le centre de tri de ma région (MRC Roussillon) reçoit environs 60000 tonnes de recyclage par année. C’est donc plus de 160 tonnes de recyclage par jour. Sur cette quantité, il y a entre 9 % et 10 % qui retourne directement au dépotoir. Donc cette part de déchets a voyagé deux fois plus que si elle avait été bien trié en premier lieu. D’où l’importance de bien trier nos détritus. Il existe des chartes différentes pour chaque région, vous pouvez les voir ici.

Troisième bouleversement : Ce qui se recycle ou pas…

Vu que nous avons choisi collectivement de vivre dans un système monétaire, une entreprise comme un centre de tri est limité par la loi imaginaire de l’offre et la demande. Il y a donc des ressources qui ne se recyclent pas, faute de clients. Par exemple, malgré le fait que le verre se recycle à l’infini, personne n’en veut. Donc ils l’envoient au dépotoir où il est utilisé pour faire les routes dans les montagnes de déchets. Même paradoxe chez les objets de plastique, hormis les contenants et emballages. Par exemple, une brosse à dent ne se recycle pas. Pas parce que le plastique n’est pas bon, mais parce qu’il n’y a pas d’acheteur. D’où la pertinence de bien choisir ce qu’on consomme. Ceci étant dit, il faut toutefois se brosser les dents les amis…

Mais qu’est-ce qui se recycle ?

Il y a une règle simple qui fonctionne presque à chaque coup : C’est recyclable si la matière en question case dans l’une de ces trois catégories :  Contenant – Imprimé – Emballage.

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En ce qui concerne les imprimés, le papier se recycle sauf s’il est ciré ou plastifié. Pour savoir s’il est vraiment ciré, vous n’avez qu’à simplement le gratter avec votre ongle. Si la cire colle sous votre ongle, ça ne se recycle pas. Sinon, hop ! dans le bac !

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Autre chose : Ne jamais emboîter ou mettre dans un sac (surtout pas de noeuds) les matières recyclables, même si elles sont du même type. Les employés qui travaillent sur la ligne de tri n’ont pas le temps de défaire les noeuds ou les boîtes pour savoir ce qu’il y a dedans. Ils n’ont pas de yeux bioniques non plus. Alors, au cas que ce soit du caca (ils en trouvent plus souvent qu’on pense), ça s’en va direct aux poubelles.

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Concernant toutes les matières, il faut savoir que tout ce qui peut s’enrouler ne se recycle pas. Que ce soit un boyau de jardinage ou des courroies en métal, ça s’enlise dans la machinerie. Pas bon. Ça peut aussi s’enrouler dans les mains d’un employé, quoi que ça doit être pas mal plus rare… Donc, pour la sécurité des employés et de la machinerie, rien qui s’enroule dans le recyclage. Évidemment, ceci est valide pour le centre de tri de ma région. Vérifiez celui de votre coin !

Est-ce que les cartons de lait ou de jus avec embout de plastique se recyclent ?

J’ai appris durant ma visite que ces emballages hybrides s’appellent des Tetra Paks. J’ai aussi appris qu’ils se recyclent. Pas parce que c’est un produit bien fait, mais parce que le centre de tri peut les passer en douce avec le reste du carton. Tant qu’ils ne dépassent pas la tolérance… Donc ça ne se recycle pas très bien, c’est plutôt considéré comme un contaminant. Alors, dans nos habitudes de consommation, si on peut éviter les Tetra Paks, on les évite.

Et les conserves, doit-on enlever les étiquettes ?

Avouez, vous vous levez la nuit pour tenter de trouver réponse à cette question existentielle ! Alors, doit-on vraiment enlever les étiquettes du cannage ? Je vais vous laisser deviner la réponse… Les compagnies qui recyclent les conserves doivent, veut veut pas, purifier le métal par le feu. Donc les étiquettes partent en cendres, donc deviennent un déchet. Tandis que si on les enlève, elles se recyclent. Évidemment, c’est le même combat pour les plats de plastique avec étiquette en papier. Maintenant, faites votre choix, armés de ces connaissances.

Car c’est souvent là le vrai dilemme : Prendre le temps de faire les choses comme il faut ou s’en contre foutre. Il n’y a pas de zone grise, désolé. Et ceci est mon quatrième bouleversement : Trop de gens à mon goût choisissent la deuxième option. Sauf que, merci la vie, la tendance tend à changer !

Dans le fond, il faut recycler comme on fait l’amour. Soit on se dépêche en ne pensant qu’à notre plaisir, soit on se donne à fond, s’oubliant, ne pensant qu’au bien d’autrui. J’en connais une qui est contente que fasse l’amour comme je recycle !