Pas touche aux minous !

Je suis en grosse réflexion ces temps-ci. Pas que je songe à ne plus être activiste, mais j’ai l’impression que je dois cacher ce côté de moi. Et ça ne me tente pas du tout. Histoire d’authenticité et d’intégrité. C’est que « l’activisme » n’est pas le meilleur véhicule de marketing, de ce que je peux en croire. Quand un artiste tente de s’impliquer dans une cause, soit on le traite d’opportuniste qui ne recherche qu’à faire parler de lui, soit on le critique sur sa position en le discréditant car ce n’est qu’un artiste après tout. C’est donc pour ça que je me suis calmé sur les réseaux sociaux sur cette facette de moi.

C’est quoi le rapport avec le titre de l’article ? Attendez, c’est plus loin, mais en attendant, voici une photo de mon chat Salem :

Salem le chat 02

Déjà, il y a eu notre projet familial « L’an-vert des crapules » qui a été un succès. Cependant, un tel projet ne peut qu’atteindre ceux qui sont déjà intéressés par l’écologie et autre sujets connexes. Or, c’est les autres qu’il faut atteindre, qu’il faut sensibiliser, qu’il faut réveiller. Pourtant, ils semblent hors d’atteinte. Enfermés dans leur vision du monde et de la vie, la raison et l’empathie ne peuvent se frayer un chemin jusqu’à leur conscience et laisser une empreinte indélébile. Pas tant qu’eux même ne fasse ce changement intérieur. En plus, on ne peut les secouer pour accélérer le processus sinon, ils se referment encore plus.

Là, je veux éclaircir un point. Je n’ai pas fait tout ceci pour les autres. Je l’ai d’abord fait pour moi et ma famille. Les bonnes habitudes que nous avons prises durant ce projet sont des convictions auxquelles nous ne renoncerons jamais, quand bien même que nous serions les seuls au monde à les mettre en pratique. Ce qui me chicote dans cette démarche, c’est que j’ai l’impression que mon côté activiste peut me nuire dans mon métier d’auteur. Tous ces gens qui me voient comme un illuminé fini mangeur de compost bio, jamais ils n’achèteront mes livres. Enfin, je crois. J’espère me tromper. D’où ma nouvelle crainte de me montrer trop activiste.

Et les chats là dedans ? Je vous jure que je vais y arriver… Une autre de Salem en attendant :

Salem le chat 03

De toutes façons, je dois avouer que je me suis calmé sur le côté « activiste et fier de l’être ». Pas que j’ai moins de principes qu’avant ou que je sois désillusionné. C’est que j’ai compris que tous nos problèmes sur Terre sont plus profond que ce qu’il semble. Les banques, la pollution, le gaspillage, l’inégalité, l’argent, les religions, l’indifférence, les attaques sous faux drapeau, la guerre, les médias, tout ceci n’est qu’un symptôme d’une cause fondamentale. L’égocentrisme. Tous les problèmes du monde sont causés par l’égocentrisme. Or, on ne peut combattre l’égocentrisme de l’extérieur. Souvent, quand un problème est attaqué, c’est de façon égocentrique. On ne combat pas quelque chose par la même chose, ça n’a pas de sens. L’égocentrisme de qui que ce soit ne peut être combattu que par lui-même en tant qu’individu. La prochaine révolution sera à l’intérieur, pas à l’extérieur. Si nous commençons par l’intérieur, si chaque humain fait le ménage dans son esprit tapageur, le reste suivra et coulera de soi, sans problème. C’est les conflits entre égos qui causent des ravages. Donc, j’ai choisi de travailler sur moi avant tout.

Où je veux en venir, c’est que ça me rend triste de voir que l’humain, dans sa quête (qu’il sait futile) de plaisir, est prêt à tout sacrifier ce qui ne le touche pas directement (de son point de vue). Peu importe l’impact écologique ou social d’une action, si elle fait son bonheur, qu’il en soit ainsi ! L’humain préfère s’intéresser à l’art ou aux sports plutôt qu’à la politique, l’environnement ou tout autre domaine qui influence la vie sur Terre. Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir de loisir ou de plaisir, mais c’est que nous vivons à une époque dangereuse. Pas à cause des islamistes, de Trump ou des pitbulls. Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne pouvons pas continuer à vivre, en tant qu’espèce, en dilapidant les ressources des générations futures ainsi. Nous ne pouvons nous vautrer dans la consommation morbide quand la moitié de la planète vit avec moins d’un dollars par jour. Nous ne pouvons pas gaspiller nos ressources naturelles à ce rythme quand le tier de la population ne mange pas à sa faim. On ne peut pas ignorer tous ces problèmes quand c’est nos enfants (que nous aimons, aux dernières nouvelles) qui devront en payer le coût. On ne peut pas. Pourtant, c’est ce que nous faisons avec beaucoup trop d’ardeur et d’efficacité.

Je sais, vous voulez des chats. C’est ici, vous êtes arrivés !

J’aime beaucoup l’excuse populaire : « Je ne le fais pas souvent, c’est pas si pire. » ou « Tout le monde le fait, pourquoi je ne le ferais pas ? » ou encore « Que je le fasse ou non, ça change quoi ? ». Je ne peux m’empêcher de répondre :

« Moi, ce que j’aime vraiment, c’est martyriser des chatons. Ils sont tellement mignons, mais ce que les gens ignorent, c’est qu’ils le sont encore plus quand ils sont sur le point de mourir et qu’ils endurent moult souffrances. Par exemple, leurs orbites ont exactement la grosseur de mon petit doigt. J’enfonce tranquillement mon auriculaire dans son oeil et je pousse jusqu’à lui crever dans une effusion de corps vitré. Là, son miaulement terrorisé fait pitié, c’en est beau. Je fais ça pour les deux yeux, pour être équitable. Ensuite, je lui casse ses petites papattes comme on brise une branche sèche. Crack fois quatre (on appelle ça un combo dans les jeux vidéos) ! Le pauvre petit minou n’est plus capable, mais il est si mignon ! Je dois continuer… Malgré la souffrance inouïe, il tient à la vie. C’est beau l’instinct de survie ! Après, je prends un couteau rouillé et je lui ouvre l’abdomen. Pas trop vite, il faut qu’il souffre, sinon il n’y a pas de plaisir. Et là je sors les boyaux, en mesurant leur longueur. Je suis toujours surpris, à chaque fois, de voir comment long d’intestin rentre dans un si petit chaton. Paraîtrait que c’est sensiblement la même chose pour nous…

Oh, je vous entend déjà dire à quel point c’est cruel et malsain. Qu’on devrait m’enfermer, me batte ou même me castrer avec mon couteau rouillé.

Ne vous en faites pas, je ne fais pas ça souvent, je ne suis pas un monstre quand même ! Et de toutes façons, combien de milliards de chats il y a sur la Terre ? Un de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ? On pourrait être des milliers à avoi ce plaisir sans conséquence que ça changerait rien. Moi je dis qu’on devrait faire de l’élevage de chat juste pour pouvoir en martyriser. »

Après ma tirade, disons que je me fais traiter de niaiseux, avec raison. Évidemment que je ne maltraite pas les chats, je ne tue même pas les araignées chez moi. Je les emprisonne dans un verre et les libère ensuite dehors. Tout ça pour dire que je prends l’extrême de l’extrême pour démontrer mon point, histoire de rendre ça percutant… et agréable à raconter. Des fois c’est drôle, vos réactions… Ça reste que l’exemple fonctionne, que ce soit pour ridiculiser quelqu’un qui veut se déculpabiliser parce qu’il mange du fast food, achète des choses faites en Chine ou consomme des produits sur-emballés. La seule différence entre mon exemple et la réalité, c’est l’importance qu’on accorde au sujet. Je sais, d’un point de vue « action pour action », c’est pire de tuer des chatons que d’acheter suremballé. Sauf que si on suit toute la chaîne impliquée, on remarque que le suremballage détruit considérablement l’écosystème, donc des formes de vies. C’est encore pire quand on parle des conditions de travail dans les pays asiatiques. Donc, que des enfants soient esclaves toute leur vie en Asie, on s’en fout, tant que ça nous permet de consommer à moindre coût. Mais pas touche aux minous !

L’heure est grave. Je crois sincèrement que nous ne pouvons pas donner toute notre attention à nos loisirs et nos lubies, le monde est en danger. Nous pouvons changer le système pour qu’il soit beaucoup mieux pour tous et chacun. Sauf que c’est bien dommage, mais ça commence par nous-même. Nos choix de consommation, nos choix de convictions et nos choix de gouvernements (ceci reste à débattre, surtout ces temps-ci).

Pour finir, ce que je veux dire c’est que je ne peux pas reculer dans mes convictions et mes principes. Je suis trop intègre pour ça et je veux donner l’exemple à mes enfants. Je veux qu’ils aient un modèle fort qui croit en ses convictions, se bats au moins un peu pour elles, sans sombrer dans la victimisation ou le désespoir. Un modèle qui persévère dans ses projets, peu importe le succès qu’il en retire. Un modèle qui sait avouer quand il a tord (bon, ma femme vous dirais que je ne m’excuse jamais, mais c’est mon blog, pas le sien) et qui ne s’emprisonne pas dans un mode de pensé. Un modèle digne de ce nom. Comme un tigre pour un chaton.

P.S. : Avant que quelqu’un me fasse la blague, je vais vous prendre de vitesse. Oui, je veux que vous accordiez plus d’importance à l’environnement et la politique qu’à mes textes. Mais vous n’êtes pas obligés !

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