Lecture de la page 55 de « Une usine comme les autres »

Le voici enfin, le vidéo de la lecture de la page 55 de « Une usine comme les autres ». Pourquoi la page 55 ? Parce que je vous avais demandé, sur Facebook, de me donner un nombre entre 1 et 200. J’ai pris les résultats et j’en ai fait une moyenne, ce qui donnait 55. Aussi, n’oubliez pas que tout ceci n’est pas la version finale du roman, ce n’est que le premier jet. Donc, bonne écoute !

Voici donc la version écrite :

— Qu’est-ce que tu faisais sur mon lift, p’tit tabarnack ! ? me crache-t-il.
Je ne peux même pas répliquer, cherchant plutôt à respirer. Il me lâche enfin et retourne sur son chariot-élévateur qui s’est arrêté pas plus d’un mètre plus loin. J’observe attentivement le cariste, retrouvant mon souffle. Il embarque, tourne la clé et fait crisser les pneus. Il les fait tourner, jusqu’à ce qu’une épaisse fumée blanche s’en dégage. Pourquoi lui peut faire ça ? Il n’a rien actionné de plus, il a simplement pesé sur la pédale de gaz ! J’ai dû manquer un détail… Il me fixe d’un regard rempli de haine, et la fumée continue de s’échapper de sous les roues avant. Après un instant, je ne voit même plus Danny. Et les roues roulent…
Soudainement, il bondit hors du chariot-élévateur vers moi. Le bolide s’élance à toute vitesse, sans cariste, laissant une trainée de fumée dans son sillon.
— Si j’peux pas conduire mon lift, personne va le conduire, me dit Danny Roule avant de se retourner et de se diriger en direction de Gervais qui observe la scène.
Je regarde le chariot-élévateur de Danny qui continue de s’éloigner à toute vitesse. Je m’attends à ce qu’il cesse sa course, c’est même surprenant qu’il se soit rendu si loin… mais il continue, en direction de la porte du quai de chargement grande ouverte. Pourtant, il devrait s’arrêter si rien ne retient l’accélérateur enfoncé ! Surement que Danny Roule l’a coincé avec je-ne-sais-quoi pendant qu’il était voilé par la fumée de ses pneus… Le chariot-élévateur traverse ainsi la porte et bondit dans le vide. Évidemment, il ne se rend pas très loin et s’écrase au sol, en un fracas assourdissant, fourches devant. Je me lève et vais voir l’étendue des dégâts. Danny Patch et Harry Copperfield sont là, observant le lift renversé, avec les roues qui continuent de rouler dans le vide.
— Va falloir refaire l’asphalte, dit Danny Patch.
— Et acheté un nouveau lift, ajoute Harry. En attendant, j’vais devoir faire une pancarte pour condamner l’endroit.
— C’est ça, va faire du bricolage ! s’exclame Danny.
Je descend du dock et vais voir le lift. Je vérifie si quelque chose retient la pédale enfoncée mais ne trouve rien. Pas de brique, pas de bloc de bois, pas de lilliputiens, rien ! C’est assez étrange. Une chose est certaine, c’est que quelque chose retenait cette pédale enfoncée ! L’accident a simplement détruit ou déplacé la preuve. Cet incident me rappelle l’enquête des deux hurluberlus… Je dois me ressaisir et oublier ces histoires d’enquête ! Je me relève donc et je vois Gervais Caillou qui se place entre les deux gars de maintenance.
— Dans mon bureau, m’ordonne le contremaître.

— À quoi tu pensais, de prendre le lift de Danny Roule ? me demande Gervais.
— J’avais besoin d’un lift et le sien était libre, que j’explique.
— Les autres étaient libres aussi ! Là, il faut qu’on remplace un lift et un carré d’asphalte par ta faute !
Je dois rêver… Je dois garder le contrôle, ce n’est pas le temps d’exploser.
— Ma faute ! ? que je m’exclame. C’est lui qui m’a sauté dessus ! C’est lui qui a envoyé son lift en bas du dock !
— À cause de toi. Si t’avais pas pris son lift, ça se serait pas passé comme ça pis tu l’sais.
… je dois… garder mon calme…
— Mais… tu ne trouves pas que sa réaction est un peu exagérée ? que je demande, sur le point d’exploser.
— Danny Roule a son caractère, pis c’est correct comme ça, avoue-t-il. On a tous notre caractère particulier. Je veux juste plus qu’tu prennes son lift.
— Donc, c’est moi qui mange la marde, même si c’est Danny Roule qui vous coûte un lift et de l’asphalte ! ?
— Bah, ça fait rouler l’économie. Imagine un monde où on brise rien, où on répare les choses au lieu de les jeter.